Hommage rendu par Alain Clouzet et Jean-Claude Bach, lu par Alain Clouzet :
Chère Thérèse, chère Isabelle, cher François………….chers tous,
Vos trois prénoms Thérèse, Isabelle et François que Gérard aimait souvent
prononcer avec tendresse…….En fait Isabelle et François, j’ai tellement
entendu parler de vous que j’ai l’impression de vous connaître depuis très
longtemps.
Thérèse - Gérard, Gérard -Thérèse : 2 beaux prénoms classiques et
romanesques, indissociables dans mon esprit. J’ai admiré ton courage
Thérèse durant l’affaiblissement de Gérard et aujourd’hui, j’admire ta
dignité et ta retenue dans le malheur.
Je n’aurai pas la prétention de vouloir substituer ma peine à votre chagrin.
Je ne voudrais pas non plus vous paraître impudique. Mais je voudrais quand
même vous dire tout simplement que j’éprouvais une amitié profonde pour
Gérard. D’ailleurs, ici tout le monde l’aimait ! Et appréciait sa modestie, sa
noble attitude de gentilhomme discret et délicat, attentif aux autres, sa façon
amusante de se présenter lors des intronisations de nouveaux membres en se
nommant avec son beau sourire malicieux : « Gérard de
Guitaut…………Garagiste !» Il n’y avait rien d’ironique de sa part car il
respectait ce métier, mais ça nous faisait tous rire, nous qui attendions ce
moment qui déclenchait systématiquement un flot d’applaudissements. Car
nous admirions tous sa réussite professionnelle.
Au cours de ces dix dernières années, nous avions pris l’habitude de nous
retrouver le mercredi à son bureau chez FIAT, ou bien à son domicile avant
de nous rendre au déjeuner du Rotary. Il me disait souvent : « Tu sais mon
vieux, le Rotary m’a tout apporté lors de mon arrivée à Bdx ». Et
invariablement, je lui répondais ce que tout le monde pense ici : « Gérard, tu
l’as bien rendu au Rotary par tes actions et le nombre de filleuls que tu as
présenté au Club !»
En effet, Gérard était l’amitié incarnée. Chez lui, ce n’était pas une
mondanité, c’était du vrai, c’était de l’authentique ! J’ai pu voir également
combien il aimait ses collaborateurs et combien ceux-ci avaient de
l’affection et du respect pour lui.
Et je suis bien placé pour connaître la valeur de son amitié lorsque ma famille
connut aussi le malheur du deuil. Il a été là pour moi, pour nous et je sais ce
que nous lui devons. Je le lui disais souvent avec gratitude ainsi qu’à
Thérèse. Car pour nous, ce furent des moments difficiles et il a été là,
discrètement et avec chaleur pour m’aider, pour m’écouter.
Puis vint le temps où il sentit, sans jamais s’en plaindre, que la vie filait et
que le temps lui était compté. Il en plaisantait aussi, en espérant peut-être
conjurer le sort. Notre ami commun Jean-Claude Bach, ami fidèle, était là
comme souvent et nous nous retrouvâmes fin mars tous les trois, chez lui,
autour d’un bon repas, accompagné d’un vin fin de Bourgogne qu’il avait
choisi pour nous. Le dernier qu’il nous servit fut un Pommard et nous eûmes
un vrai repas de copains au cours duquel nous refîmes une fois de plus le
monde, en riant, heureux d’être tous les 3 ensemble, et en parlant de plus en
plus fort au fur et à mesure que la bouteille de Pommard se vidait !
Ce furent nos dernières retrouvailles complices avant son hospitalisation
d’un mois, précédant son retour à la maison où Thérèse et ses enfants avaient
tout prévu pour son confort. Nous nous revîmes souvent à l’hôpital du
Bouscat puis à son domicile chaque fois que ses forces le lui permettaient.
Jean-Claude, en voisin bienveillant, lui lisait le bulletin du Club. Il était très
attentif à ce qui s’y passait, rotarien depuis 50 ans cette année. Puis vint
juillet et le moment des adieux quand il partit pour ses terres de Bourgogne,
et le déchirement qui fut le nôtre, Jean-Claude plaisantant pour masquer son
émotion, le mien quand je l’embrassai en lui disant « à bientôt Gérard », en
pensant que c’était sans doute la dernière fois que je le voyais.
Pour terminer, si vous le permettez Thérèse, Isabelle et François, j’aimerais
reprendre quelques vers d’un beau poème mis en musique par Jean Ferrat,
des vers qui disent mieux que je ne saurais le faire, ce que je ressens en
évoquant le privilège qui fut le mien de rencontrer Gérard :
« Tu aurais pu vivre encore un peu,
Pour notre bonheur, pour notre lumière,
Avec ton sourire, avec tes yeux clairs,
Ton esprit ouvert, ton air généreux,
Tu aurais pu vivre encore un peu,
Mon fidèle ami, mon copain, mon frère ! »
Voici ce que fut Gérard pour moi, pour nous !
Je vous remercie de m’avoir écouté.
Alain Clouzet, Bordeaux le 2 novembre 2022